03 avril 2007

25/12/06

C’est ici que tout commence… A l’aéroport de Pau, aux alentours de cinq heures du matin ! En présence : mon père, ma mère, mon frère X. et ma sœur A. et moi, bien sûr. Après l’enregistrement et le passage du détecteur à métaux brillamment réussis, nous voilà dans l’avion censé nous conduire à Paris pour rejoindre mon frère F. Malheureusement, au moment du départ, déjà installés dans l’engin, nous apprenons que la porte a été endommagée (une sombre histoire de valise oubliée par un steward dans le couloir alors que l’avion commençait à reculer...). Bref, un contrôle technique de longue durée s’impose. Après un moment de flottement et de légère angoisse, nous montons tous les cinq dans un petit avion qui nous conduira cette fois-ci bien à l’aéroport d’Orly, d’ou nous prenons un car jusqu’à celui de Roissy.
Nous retrouvons comme prévu un F. enthousiaste avec lequel nous prenons place dans l’avion qui nous conduira cette fois-ci jusqu’à Osaka, sans escale.
S’en suit une traversée d’environ douze heures, à bord de l’avion où nous avons droit à un écran de télé chacun (la classe !). Quelques films, des cours de japonais express, un concours de « Qui veut gagner des millions », quelques tentatives de sommeil – pas plus de vingt-trente minutes – et, pour ma part, le ventre retourné, à cause du refus et dégoût psychologiques pour la nourriture des avions…
Nous arrivons enfin à la destination tant attendue. Il est minuit en France, huit heures au Japon, une nouvelle journée commence…

26/12/06

Journée placée sous le signe de la fatigue, voire de l’épuisement général dû à l’important décalage horaire.
Pour commencer cette journée éreintante, nous avons droit à un accueil chaleureux : nous pas celui de la douane mais celui de ma tante Y., de la cousine de ma mère Ch. ainsi que de son mari I.

En sortant de l’aéroport, j’ai la première impression de me retrouver dans le quartier chinois de Paris. Difficile de réaliser qu’on se trouve de l’autre côté du globe !.. et pourtant, les rues grouillent de Japonais et les devantures et autres affiches publicitaires nous rappellent bien où nous sommes. Et dire que dans ce pays, même les distributeurs de boissons ont la classe et dire qu’il y existe des trains à l’effigie de Goldorak… Au passage, nous achetons le Shonen Jump numéro spécial Noël, parce que même si on ne comprend rien, c’est quand même la classe. Ce n’est que le matin du premier jour mais le dépaysement commence.
Après un tour à l’hôtel, nous déjeunons dans un restaurant où se mêlent tradition et modernisme, à l’image du Japon en somme. En effet, en entrant, nous nous déchaussons et nous asseyons à une table basse en bois. Autour, des panneaux de bois coulissants délimitent l’espace. Les employées revêtent le kimonos et portent une oreillette reliée aux cuisines. Du thé, des baguettes, des shushis, du riz… certifiés authentiques et 100% nippons !
Mes frères F. (à gauche) et X. (à droite)
L’après-midi, nous allons faire des courses dans un grand magasin : Bic Camera, où on trouve essentiellement de l’électronique.
Pour finir, un coup d’œil aux arcades. Comme dans les mangas, il s’agit de plusieurs étages où s’alignent des machines et où règne un vacarme hors du commun. Enfin, nous expérimentons un purikura (mes frères, ma sœur et moi)... C'est la contraction de print-club, sorte de photomatons où les Japonais se prennent en photo entre amis... on peut même les customiser avec des cadres et tout !.. Waouh...

27/12/06

En fin de matinée, nous prenons le métro pour quitter le quartier d’Osaka. Nous partons en direction de la station thermale d’Arima, dans les montagnes.

A midi nous mangeons des onigiri (les boulettes de riz triangulaires ou rondes enveloppées dans une feuille d’algue avec du saumon, du bœuf etc.) puis nous découvrons l’immense hôtel dans lequel nous passerons la nuit. Le Arima GrandHotel ne porte pas son nom pour rien... Il est entouré d’un très joli jardin, et à l’intérieur, est doté de deux onsen. Il s’agit des fameux bains d’eau de source thermale du Japon. L’un des deux est ouvert sur l’extérieur et couvert, bénéficiant d’une magnifique vue sur les montagnes. Quant à nous sept (mes parents, ma tante, mes frères, ma sœur et moi), nous n’en revenons pas en entrant dans la luxueuse chambre. Une salle de bain, deux WC (oui bon c’était peut-être pas utile de le préciser), une chambre avec deux lits occidentaux et une immense pièce recouverte de tatamis. Celle-ci est à la fois la salle à manger (table basse laquée et coussin pour se mettre à genou autour) et la chambre dans laquelle on étend les futons pour la nuit. Les espaces sont délimités par des portes coulissantes de bois et papier et le tout décoré d’ikebana (l’arrangement floral). La plus grande surprise reste le jardin zen sur le balcon qui donne sur la montagne. En gros le rêve total…
Vers quatre heures, nous revêtons des kimonos pour se rendre au onsen. Hommes et femmes sont séparés, on se déshabille puis on entre dans la pièce. Il faut commencer par se laver. Le long des murs, des robinets devant lesquels se trouvent un petit tabouret et une cuvette à remplir d’eau ainsi que les produits usuels. Ensuite seulement, on peut entrer dans le bain d’eau très chaude. Il y a aussi un bassin « d’eau dorée ». Elle obtient cette couleur grâce au fer présent dans la source, qui prend une couleur cuivrée en s’oxydant. Chouette expérience !

28/12/06


Après le petit-déjeuner, une nouvelle séance de onsen (dans le jacuzzi à l’extérieur) puis nous quittons à regret l’hôtel pour aller prendre le Shinkansen qui nous conduira à Kyoto. Les paysages urbains senchaînent, étendant leurs grattes-ciel jusqu’aux montagnes derrière lesquels on n’aperçoit pas la mer.

L’après-midi, visite de temples. Le premier est le Sanju Sangendo, un temple bouddhiste. Nous voyons enfin en grandeur nature les typiques toits recourbés qui sont bien souvent le décor des films de samurai… Le tout est imposant, par les dimensions des bâtiments, leur beauté ainsi que celle des jardins et des bassins. L’intérieur est lui aussi surprenant. Y sont exposées les 1001 statues des kannons et autres divinités orientales, ainsi qu’un bouddha doré de plusieurs mètres de haut.
Le second, le Kyomizudera, est tout aussi splendide. Au terme d’une longue ascension, nous atteignons le temple. Les bâtiments sont d’un rouge-orangé éclatant, couleur traditionelle, et un très grand gong nous accueille en cette fin de journée. Au fur et à mesure que le soleil se couche, nous marchons le long du balcon réputé du temple : un proverbe dit que celui qui se jette du haut de la terrasse sur pilotis fait preuve d’un grand courage. De même, le lieu est réputé pour la source qui s’y trouve et dont l’eau est censée purifier celui qui la boit.

La vue sur Kyoto avec le soleil se couchant derrière les montagnes, c’est le genre d’images qui ne s’oublient pas…

29/12/06

Ce jour-là nous avons la chance de voir Kyoto sous la neige…
Le matin, avec Ch. et I. (qui nous avaient accueillis le premier jour) et leur fils T. de trente ans, nous visitons de nouveau des temples.
Le premier, Kinkakuji, est célèbre pour son pavillon d’or. Et voilà que nous avons droit à l’inespéré : voir ce pavillon plaqué d’or surmonté d'un phénix sous la neige… J’ai déjà épuisé tous les splendides, magnifiques et compagnie... Je me contenterais donc des photos, qui ne montrent peut-être pas à quel point le doré est étincelant... Avec la neige en prime… C’est définitivement un voyage inimaginable…
Ensuite, nous nous rendons au Ryoanji (dont on peut voir le fameux jardin zen dans le fils adapté de Stupeur et tremblements il paraît). Nous ne pouvons qu’apercevoir les portes coulissantes peintes puisqu’il est impossible de rentrer à l’intérieur.
Le midi, repas dans un family restaurant avant de visiter le Heian Jungi qui date évidemment de l'ère Heian, durant laquelle Kyoto est devenue capitale du Japon, avant Tokyo.
Le soir, nous dînons dans un kaiten sushi (sushi tournant littéralement) : de petites assiettes de sushis défilent sur un tapis roulant en circuit fermé, réapprovisionné par les cuisiniers. Le client en choisit au passage et paie à la fin en fonction du nombre d’assiettes. Pour le repas nous somment rejoints par M., la sœur de T. qui est enceinte. Enfin, en bons Jap’ que nous sommes, nous immortalisons ces rencontres par des photos de groupe avant de nous quitter.

30/12/06


Le matin, nous faisons le trajet Kyoto-Miyajima en train. Entre temps, nous avons le temps d’acheter les fameuses boîtes de « pique nique » avec onigiri, omelette et compagnie.


Une fois arrivés nous prenons le ferry pour l’île de Miyajima, dans la baie d’Hiroshima. Du bateau on aperçoit le grand torii (portail shintoïste) qui a les pieds dans l’eau. En dix minutes nous accostons l’île.

[Car on ne manque pas d'humour dans la famille]
Nous sommes accueillis par des daims, en liberté sur l’île. Nous commençons directement par la visite du temple Itsukushima placé en face du l’immense torii. A l’intérieur nous tirons le omikuji : il s’agit de sortir un papier d’un tiroir correspondant à un numéro tiré au hasard et de lire son inscription qui indique des présages (santé, voyage, commerce…). Si le présage s’avère mauvais, il faut l’accrocher à un support ou à un arbre. Cette pratique est traditionnelle et répandue dans la plupart des temple japonais.
[Pour information, il y avait un concours de pelle à riz géante sur l'île...]
Nous profitons ensuite du beau temps pour nous promener dans cette belle île. Par des chemins et escaliers en pierres entre les forêts de pins en hauteur (à l’image du Japon, l’île est toute en relief), nous accédons aux deux pagodes situées de part et d’autre du Itsukushima. Nous traversons aussi plusieurs temples décorés à l’occasion du nouvel an, et découvrons de très beaux points de vue sur l’île et le torii.
En fin d’après-midi, nous rejoignons l’hôtel. La chambre donne sur la mer et la vue panoramique nous fait apprécier les lumières de la ville qui scintillent dans la ville d’en face au bas des montagnes.

31 mars 2007

31/12/06

Avant de retourner sur l’île de Honshu, nous allons voir de plus près l’une des deux pagodes et visitons le temple « aux mille tatamis ». En réalité, aucun tatami au sol, puisqu'il est utilisé comme unité de mesure pour les sols au Japon.


A la gare de Hiroshima, nous goûtons aux okonomiyakis de la ville : des nouilles sautées sur une fine crêpe, recouvertes de sauce et agrémentées de fruits de mer, viande, œuf etc. Loin d’être léger, ça reste rudement bon ! En dehors de Hiroshima, les okonomiyakis ne comportent en général pas de nouilles, mais une crêpe plus épaisse.
Nous passons pour ainsi dire l’après-midi dans le train - heureusement que le Shinkansen est confortable et spacieux – pour rejoindre Umeda, un autre quartier de Osaka. Il est 17h30 et la nuit est déjà tombée sur les hauts immeubles dont les devantures illuminées et autres panneaux publicitaires nous rappellent le côté ultra-urbanisé du Japon. Vision totalement opposée à celle de la campagne et de ses temples et maisons traditionnelles. Nous déposons nos bagages au Kinki Hôtel, où nous passerons les trois dernières nuits de notre séjour en terre nippone...
Après le dîner dans un yakitori (où se mangent des brochettes de viandes et légumes), mes frères et moi nous rendons dans le magasin pour otaku du coin. En extase devant les étagères de manga encore inédités en France, nous savons rester raisonnables et ne craquons que pour un Kenshin (ils sont réédités en grand format et avec couvertures sublimes… on ne pouvait pas rater ça...) et pour le dernier Bleach.
C’est le 31 décembre et pourtant les rues ne sont pas animées. Et pour cause, au Japon, on ne fête que le premier de l’an ! Quant à la Saint Sylvestre, on la passe en regardant à la télé le concours de chant annuel, puis on prie à minuit avant d’aller se coucher… Ce qui signifie pas de fête, d’animation ou de boîte de nuit, d’où la déception de mes fêtards de frères...

01/01/07


Le matin, petit déjeuner traditionnel du Nouvel An en famille, chez ma grand-tante M. (sœur de ma grand-mère). Nous avons enfin l’occasion de rencontrer de nouveaux membres de la famille I. (donc font partie T. et ses parents). Un très agréable moment à Tsukaguchi, en compagnie de E., sa femme H. et sa sœur M.. Je bois pour la première fois du saké (sans savoir ce que c’était avant de le porter à mes lèvres d’ailleurs). Un peu dur le poisson cru dès le matin, sauf pour mon frère F. qui n’hésite pas devant la tentacule de pieuvre... hum...
L’après-midi, nous passons à la clinique où travaille H., un frère du grand-père que je n’ai jamais connu, puisqu’il est décédé peu avant le mariage de mes parents. Il faut préciser que la plupart des I. sont médecins ou dentistes, c’est pourquoi nous rencontrons aussi I. à la clinique, un second frère de mon grand-père. Il est accompagné de sa femme (qui parle français) et de ses fils (cousins de ma mère et ma tante si vous avez tout suivi).
Nous nous rendons tous ensemble à Iwade, dans la maison centenaire qu’habitaient les grands-parents de ma mère et où elle passait ses vacances avec sa cousine et sa sœur. Nous pouvons visiter la maison qui n’est plus habitée. A l’intérieur se trouve le traditionnel autel pour prier les défunts de la famille. Derrière la maison s’épanouit un jardin, bien conservé même s’il n’est plus entretenu. Attenante à la maison, nous découvrons le cabinet de mon grand-père paternel, constitué d’une salle d’attente et d’une salle de consultation où il recevait ses patients. Tout est encore là, de la chaise où s’installait le patient (qui ressemblerait plutôt à un chaise de torture) à l’étagère de pharmacie pour préparer les remèdes.
Grâce à des albums-photo, mes frères, ma sœur et moi voyons pour la première fois le grand-père et les arrières grand-parents que nous n’avons jamais connus.
Nous partons pour le cimetière où sont enterrés notre grand-père et d’autres membres de la famille. De l’encens, une bougie, des fleurs, puis nous versons tous de l’eau sur les stèles de nos ancêtres, non sans émotion. Sur les pierres sont inscrits les noms bouddhistes des défunts : une fois décédé, on prend un nouveau nom. A cette occasion nous prenons connaissance de l’armoirie de la famille.
De retour à Osaka, nous avons droit à un repas somptueux organisés par l’oncle I. Y sont conviés plusieurs membres de la famille, dont la femme et la sœur de Takeshi : K. et C. qui a une quinzaine d’années. Malheureusement, elle ne maîtrise pas trop l’anglais et reste à l’autre extrémité de la table. Loin du « petit apéritif » auquel nous nous attendions, le repas se déroule dans un grand hôtel de luxe : un étage réservés aux boutiques Chanel, Dior et cie., une piscine immense... Quant à nous, nous dînons dans un luxueux restaurant italien de l’hôtel.
En somme, un premier de l’an plus que réussi : nous découvrons au Japon la moitié inconnu de notre famille...

02/01/07


Dernier jour dans la contrée de nos ancêtres...
Le matin, mon père, ma tante, X., A. et moi prenons le Shinkansen. Nous partons pour Himeji, entre Kobe et Hiroshima, pour visiter son château féodal : le château de Himeji est réputé pour être le plus beau du Japon.
Compte tenu du temps pluvieux et du peu de temps dont nous disposons, nous faisons l’impasse sur le jardin pour ne visiter que le château. De toute façon, le jardin est d’autant plus beau à voir aux alentours d’avril, pour pouvoir admirer les cerisiers en fleurs.
Pour commencer, nous marchons le long d’un corridor qui donne sur d’anciennes chambres à l’allure spartiate. Ensuite démarre la visite de la tour principale, que l’on pouvait apercevoir depuis le Shinkansen. Après le rituel habituel (se déchausser afin d’enfiler des sandales), nous entamons la montée des six étages de la tour. Par des escaliers très raides, nous atteignons les niveaux supérieurs, de superficie décroissante. De nombreux objets sont disposés, tels que des armes (lances et sabres notamment), leurs supports d’époque, des écrits d’empereurs... Un véritable souci d’authenticité.
A chaque étage, nous avons droit à la vue sur la ville et sur les montagnes environnantes ; le passage est brutal entre l’enceinte du château qui en impose par sa taille et sa beauté et, au-delà, la ville moderne et urbanisée.
L’après-midi, nous retrouvons F. et ma mère, qui ont fait des courses durant la matinée. S’en suit un après-midi d’achats divers et effrénés, au grand magasin Yodobashi Camera (appareils photo, lecteur mp3, montres et compagnie), l’électronique étant plus intéressante au Japon qu’en France.
Voilà le temps de boucler les valises à regret car le lendemain s’annonce la longue journée du voyage retour.

03/01/07

Voilà la journée la plus longue de ma vie compte tenu du décalage horaire. Voyage bien entendu agrémenté des envies de vomir récurrentes pour ma part...

Fin de ce périple magique en terre nippone, terre de nos ancêtres, des mangas, des sushis, des courbettes à n’en plus finir… Ce serait trop réducteur de réduire la culture japonaise à ces quelques éléments. Sacré dépaysement, sacré voyage... (Vivement le prochain?..)